2020 (+ 1) est une année olympique : pendant deux bonnes semaines, les athlètes du monde entier se rassemblent pour donner le meilleur d’eux-mêmes et de leur sport. Beaucoup de joie et de larmes, du fair-play, des compétitions acharnées pour décrocher une médaille de bronze, d’argent, d’or, ou simplement aller au bout de sa course. Si, comme moi, vous êtes passionné, vous ne pouvez qu’avoir envie d’en savoir plus. De mieux comprendre ce qui se joue, de connaître la vie d’un champion, de ressentir l’euphorie d’une victoire ou même la désillusion d’une défaite. Heureusement, il y a les livres. Ceux qu’écrivent parfois ces femmes et hommes d’exception. Voici 9 bonnes raisons d’écrire un livre quand on est sportif de haut niveau…

Avertissement 1 : je ne suis moi-même pas très sportive et ne cite ici que ce que j’ai collecté au cours de mes lectures. Si un athlète passe par là, qu’il n’hésite pas à donner son avis !

Avertissement 2 : pardonnez-moi si je cite beaucoup de sportifs français… Ce sont souvent ceux que je « supporte » (mais pas que). Ce qui n’enlève rien aux qualités de leurs adversaires.

1. Faire connaître son sport

Avez-vous déjà tenté de comprendre les règles du rugby ? le principe du hors-jeu lors d’un match de foot ? le vocabulaire des judokas ? Tout ça, c’est parfois très obscur, pas vrai ?

« Mon plus grand souhait est maintenant de faire découvrir mon sport au plus grand nombre car j’en connais les richesses. » (Mes 10 commandements, Kevin Mayer, décathlon).

Un livre permet d’apprendre et de découvrir ce que l’on connaît mal. Il en va du sport comme de n‘importe quel autre savoir-faire. Et quelle meilleure façon de comprendre que de s’initier auprès des experts ?

2. Expliquer ce que les aficionados ne peuvent pas voir

Suivre le sport en tant que simple spectateur peut s’avérer très frustrant. Les commentateurs sportifs ne savent pas tout et se contredisent parfois.

Pour un athlète, le livre peut être l’occasion de revenir sur certains faits de jeu, de course ou de match survenus lors d’une compétition, sur une stratégie adoptée plutôt qu’une autre, ou les consignes du coach à la mi-temps.

Que se passe-t-il dans la tête d’un champion lorsqu’il se fait doubler par son principal concurrent… puis le rattrape ? manque un geste mille fois répété à l’entraînement ? réussit une figure qui jusque-là lui résistait ? accomplit un temps, un score qu’il croyait impossible ? perd son sang-froid ? n’a d’autre choix que d’abandonner parce que son corps lâche ?

Autant de questions qui, peut-être, trouveront leurs réponses quand aura disparu tout enjeu et que les émotions seront retombées…

3. Évoquer son parcours et ses choix

Notre spectateur s’enflamme généralement lors des grandes rencontres sportives… puis retourne sagement à sa vie quotidienne. De son côté, le sportif repart à l’entraînement, conjugue vie familiale et préparation physique, réfléchit aux prochaines échéances ainsi qu’à la meilleure manière de les aborder.

Dans une autobiographie, une biographie, un simple carnet de bord, il peut partager ces moments invisibles pour le grand public, expliquer ses origines et son parcours, décrire toute l’intensité du travail quotidien. La femme ou l’homme se dévoile. Il n’est pas rare qu’un athlète expose l’impact de son sport sur sa vie personnelle, autant que les joies et les peines qu’il en retire.

4. Se faire connaître

Un podium ne compte que 3 marches. Pour quelques heureux, combien de sportifs restent-ils anonymes sans, pour autant, avoir démérité ? Certains sports sont peu médiatisés et le nom de leurs licenciés restent cantonnés aux dernières rubriques des journaux spécialisés.

Écrire un livre peut être une façon originale d’attirer l’attention, celle du grand public ou des sponsors. Le sportif relève alors un nouveau défi, propre à tous les auteurs : animer la promotion de son ouvrage. Mais ceci est une autre histoire.

5. Faire le point entre 2 échéances ?

Certains champions n’attendent pas la fin de leur carrière sportive pour écrire leur livre.

Martin Fourcade sort son premier ouvrage quelques temps avant le début des jeux olympiques de 2018. Kevin Mayer est au faîte de sa gloire lorsque paraissent ses « 10 commandements ».

Livre sportif : Mes 10 commandements, Kevin Mayer

Peut-être ne s’agit-il pas seulement de mieux vendre le livre.

J’aime penser qu’il y a là l’envie de faire le point, une manière inédite de se motiver, ou peut-être de se mettre en danger… Il me semble que révéler publiquement ses ambitions et son état d’esprit avant une compétition importante n’est pas sans risque. Mais les athlètes aiment jouer.

6. Fixer les instants de victoire

Puisque j’évoquais Martin Fourcade, voici ce que confie le biathlète dans « Mon rêve d’or et de neige » :

« Je voulais conserver le goût exact du moment, qu’il soit doux ou amer. Figer cette saveur pour ne jamais l’oublier. »

C’est bien connu, le cerveau humain oublie vite, trop vite, en particulier lorsque les émotions s’en mêlent. Elles aveuglent et leur nature fugace ne favorise pas la mémoire. C’est pourquoi le champion explique qu’il s’est attaché à noter chaque impression, chaque souvenir pour que rien ne s’efface. Il récidive avec « Un dernier tour de piste », dans lequel il décrit, jour après jour, les tout derniers mois de sa carrière.

7. Transmettre les messages qui comptent

Martin fourcade (oui, je suis fan !) revient également sur le problème du dopage. Voilà une pratique qu’il n’a cessé de condamner, avec beaucoup de virulence, tout au long de son parcours.

Kevin Mayer explique : « je ne sépare jamais le corps et l’esprit (…) je veux me battre pour que les enfants soient moins assis et plus actifs. » De l’activité physique pour éviter les maladies inhérentes à l’excès de sédentarité.

Dans son livre Fier, Gareth Thomas (rugby) parle de son homosexualité, difficilement acceptée dans un milieu encensant la virilité, à une époque terriblement machiste.

Des petits coups de gueule aux grandes tragédies, le livre permet aux athlètes de prendre la parole. Il me semble qu’il n’est jamais inutile de les écouter.

8. Séduire la jeunesse

Quel gamin (ou gamine) ne s’imagine pas un jour en Kilian Mbappé ? Le foot fait rêver. Mais les autres sports, souvent, séduisent moins.

Il faut bien une Laura Flessel pour promouvoir l’escrime, un Thierry Omeyer pour soutenir le handball, un/une Manaudou pour inciter à plonger dans le grand bain.

C’est aussi le rôle de tous ces livres, écrits par des sportifs connus ou moins connus : donner envie aux plus jeunes de s’inscrire au club de leur quartier.

Livre sportif : Thierry Omeyer

9. Transmettre les valeurs du sport

Voici mon point favori. Je ne me lasse pas de lire les leçons de courage et de persévérance semées, ici et là, entre les pages des livres de sportifs. Bien plus puissantes que toutes les autres, parce que celles-ci sont issues d’expériences vécues. Pas de théorie neuroscientifique. De la vie brute. Des anecdotes qui ne s’inventent pas, des histoires émouvantes, des confessions authentiques.

Clarisse Agbégnénou (double médaillée d’or en judo, à Tokyo) intitule son livre sportif : Combattre pour être soi : Les conseils d’une championne.  Tout un programme !

Livre sportif : Clarisse Agbégnénou

« Dès le début du stage, je le prenais tous les jours et, à chaque fois, il m’éclatait… Mais il fallait que je sorte de ma zone de confort. Et j’y retournais, encore et encore. » David Larose (entre autres distinctions, champion du monde junior et par équipe en judo).

D’ailleurs, au rayon développement personnel des librairies, vous trouverez un petit livre au titre évocateur : Agir et penser comme Roger Federer. Excellence, élégance et intelligence, ça vous tente ?

Et si les sportifs aiment partager leur passion, avec ou sans l’aide d’un co-auteur, certains développent également un réel talent pour l’écriture créative. En témoignent les romans d’Isabelle Autissier, célèbre navigatrice, plusieurs fois publiée.

La conclusion ?

Les athlètes ont toutes les raisons d’écrire leur « livre sportif » dès lors qu’ils ont le souhait de partager leur passion, de sauvegarder ce qu’ils ont appris, de transmettre quelques leçons que seul le sport peut habiller avec tant de panache. Ou simplement celui de raconter de belles histoires. Je dirais même plus, pas besoin d’évoluer à haut niveau ni d’être célèbre pour se lancer dans l’écriture…

Le sport, ce n’est pas votre truc ? Lisez-les quand même. Vous pourriez bien y prendre goût.

Liste des quelques livres évoqués dans cet article :

  • Mes 10 commandements – Kevin Mayer – Éditions Solar / L’Équipe – Décathlon
  • Mon rêve d’or et de neige – Martin Fourcade / Jean Issartel – Éditions Marabout – Biathlon
  • Un dernier tour de piste – Martin Fourcade / Jean Issartel – Éditions Marabout – Biathlon
    Un livre magnifiquement illustré par Oksana Pichuk, grande fan de biathlon
  • Fier – Gareth Thomas / Michael Calvin / Sébastien Baert – Éditions Michel Lafon – Rugby
  • Laura Flessel, de l’épée au ministère – Claude Moreau – Éditions Favre – Escrime
  • Chaque but est une défaite – Thierry Omeyer / Chrystelle Bonnet – Éditions Marabout – Handball
  • Entre les lignes – Laure Manaudou – Éditions Michel Lafon – Natation
  • Plonge ! – Florent Manaudou – Éditions Michel Lafon – Natation
  • Combattre pour être soi : les conseils d’une championne – Clarisse Agbégnénou – Éditions Rageot – Judo
  • De la DASS aux Jeux Olympiques, les 3 vies de David Larose – Alain Olivier – Auto-publication – Judo
  • Agir et penser comme Roger Federer – Mathieu Aeschmann – Éditions Opportun – Tennis
  • Soudain, seuls – Isabelle Autissier – Éditions Stock – Voile

Et tous les autres titres/sportifs qu’il serait impossible de citer sur une malheureuse page web.